Rentrée scolaire : qui sont les nouveaux profs ?

Ils ont fait leur rentrée mercredi 31 août, certains pour la première fois.

Ces nouveaux enseignants sont le plus souvent des enseignantes, et leur orientation vers le métier d’enseignant se fait de plus en plus tard.

Classe de francais à Paris.

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Classe de francais à Paris. / Joel Saget/Afp

Ils sont plus de 860 000 à enseigner en France. Malgré la diversité de leurs trajectoires, quelques éléments permettent de comprendre les motivations des nouveaux professeurs qui ont pris le chemin de l’école à la rentrée 2016.

Si l’on s’en tient à leur profil sociologique, celui-ci n’a que peu évolué ces dernières décennies. « Le monde enseignant ne s’est ni popularisé, ni embourgeoisé, les enseignants viennent en majorité des classes moyennes. Le seul véritable changement est la féminisation de la profession », assure François Dubet, sociologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.

Lucien, 23 ans et professeur d’économie au lycée, fait partie des quelques enfants d’ouvriers devenus enseignants. « Durant le temps de ma formation, j’ai surtout côtoyé des enfants de profs ou de cadres. Car allonger le temps d’études occasionne des frais en plus », explique-t-il.

Des études longues

Aujourd’hui, les professeurs doivent être titulaires d’un master (bac + 5) depuis 2010, ce qui a pu resserrer le vivier des candidats potentiels. Le ministère modère toutefois l’impact de cette réforme. « On a tout fait pour que l’enseignement reste un métier ouvert à toutes les catégories sociales, en proposant par exemple un statut d’apprenti professeur rémunéré. On a ainsi compensé le risque de perdre des candidats à cause d’études longues », fait-il savoir.

Ce changement dans les modalités de formation a toutefois accentué la concurrence entre les filières. « Dans le cas des cursus scientifiques par exemple, il est plus difficile de rester compétitif face aux écoles d’ingénieurs, qui requièrent une durée d’études similaire », souligne Jacques Ginestié, directeur de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) d’Aix-Marseille Université.

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Un recrutement dans des filières aux débouchés restreints

L’Enseignement national recrute surtout parmi les filières aux débouchés restreints, comme lettres classiques ou langues étrangères appliquées. S’ils n’envisagent pas forcément de devenir enseignants en s’engageant dans ce type d’études, les élèves finissent souvent par se tourner vers l’éducation. Léa, par exemple, a suivi une licence d’anglais en vue de devenir traductrice. « Mais le temps passant, je me suis dit que c’était trop solitaire comme métier, j’avais besoin de contact avec les autres, d’aider les jeunes. J’ai donc décidé de devenir prof ». Depuis, l’enseignante de 26 ans a trouvé sa voie dans un lycée prioritaire.

L’enseignement comme seconde carrière

Autre changement notable, l’orientation vers le métier d’enseignant se fait de plus en plus tard. « Autrefois, les instituteurs débutaient à 19 ans et restaient profs toute leur vie. Aujourd’hui, il faut avoir une formation avant de s’orienter vers le métier d’enseignant, indique François Dubet. C’est une évolution assez paradoxale, car tous les jeunes médecins et ingénieurs décident de leur orientation tout de suite après le bac. La profession s’est normalisée et a quelque peu perdu son caractère de vocation d’une vie. »

Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à choisir l’enseignement comme seconde carrière professionnelle. La stabilité de l’emploi séduit ceux à la recherche d’une vie plus structurée. « C’est surtout visible chez les plus de 35 ans, en particulier les jeunes femmes qui se tournent vers l’enseignement pour des raisons familiales », souligne Jacques Ginestié.

Une quête de sens

C’est le cas de Céline. Après avoir été infirmière pendant treize ans, la quadragénaire a décidé de devenir enseignante. « Je voulais quitter le milieu de la santé, il m’avait usée. Je me suis lancée dans l’écriture de livres pour enfants et j’ai notamment mené des ateliers d’écriture dans les écoles. Je m’y suis tout de suite sentie dans mon élément, ça m’a décidée. » Après avoir repris ses études et mené à bien un master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF), Céline commencera demain à enseigner dans une classe de CE2.

En dépit de l’hétérogénéité des parcours, une quête commune, celle du « sens », de l’engagement : « Cela va paraître cliché mais c’est surtout l’aspect de transmission aux élèves qui me plaît », explique ainsi Céline.

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« Les individus ont besoin de s’engager dans une action à portée sociale. C’est surtout le cas de la jeune génération, qui veut avoir un métier qui a du sens socialement, décrypte Jacques Ginestié. On le voit à travers des sujets de mémoire que nos étudiants choisissent, tous liés à l’éducation pour tous et à l’école inclusive. »

Lauriane Clément