Violences à l’école : un papa écrit aux camarades de sa fille

Peiné par la violence subie par sa fille à l’école, un papa, par ailleurs pompier professionnel, a pris la plume pour écrire à ses camarades de classe. Une lettre qui a permis à la maîtresse d’école d’en débattre avec les enfants.

Violences scolaires : il écrit une lettre aux camarades de classe de sa fille© istock

Quoi de plus fort que des mots, contre les maux ? En Charente, pour sensibiliser les enfants aux ravages de la violence dans le milieu scolaire, le père d’une écolière a écrit une lettre au message fort à l’attention des élèves de classe de sa fille.

Les enfants. Je souhaite vous communiquer à travers ces quelques mots non pas ma colère, mais bien ma peine et mon inquiétude au sujet de l’acte qui a mené à la blessure de Claire (le prénom a été modifié). Peu importe qui a fait quoi. Il est plutôt question de se demander : quelle serait votre peine en tant que papa, maman, si votre enfant était victime d’un acte de violence ? Essayez de vous mettre à ma place de papa. Là, c’est une entorse. Blessure suffisamment grave pour que Claire en soit handicapée pendant au minimum 15 jours

[…] Et si les blessures d’un acte de violence étaient encore plus graves?”, s’interroge le papa.

“Quel motif, aussi justifié soit-il, peut-il mener à de la violence?”

Fort de son expérience, le parent d’élève a poursuivi : “Mon métier de sapeur-pompier me positionne au premier plan de situations identiques de violences entre élèves où malheureusement l’issue est parfois dramatique. Je ne peux oublier cet exemple malheureux survenu en 2011 à Soyaux, quand une fillette de 10 ans a perdu la vie après avoir reçu un coup de pied d’un camarade. Quel motif, aussi justifié soit-il, peut-il mener à de la violence ? Est-ce avec des gifles que vous progressez ou avec des arguments, en discutant, en vous expliquant ? J’espère que vous retenez la solution intellectuelle… Pour le cas de cette jeune fille, il ne reste qu’un papa et une maman dévastés par ce drame, et un jeune qui gardera en mémoire cet acte violent, certainement regretté mais avec des conséquences de non-retour. Après la violence, il n’y a plus rien… c’est trop tard pour réfléchir”, prévient-il.

L’acte est fait, il faut en payer les conséquences, de chaque côté. Après une discussion, il y a de l’avenir, le respect de votre personne s’accroît et votre capacité à gérer les conflits par les mots devient exemplaire. La discussion mène à la vie en société. La violence mène à la prison. Retenez que je suis très peiné”, conclut-il.

Émouvante, cri du cœur plutôt que sermon, cette lettre a été lue en classe et a permis aux élèves de débattre ensemble sur la violence à l’école et les façons de résoudre les conflits. Une initiative de pédagogie, qui, on l’espère, portera ses fruits.

Source : Charente Libre

le 5 juillet 2018