« Mission : impossible » : Tom Cruise est-il un cascadeur hors pair ? On a posé la question à un professionnel

L’acteur de 56 ans est à l’affiche du dernier épisode de la franchise, « Fallout », qui sort au cinéma le 1er août. Et comme toujours, il a réalisé lui-même toutes les cascades.

« Il s’agit probablement du plus gros film d’action en effets spéciaux réels jamais tourné. Quand vous le regardez, il n’y a pas d’effets numériques »avait prévenu Tom Cruise, en février. Quand l’acteur américain parle de Mission : impossible – Fallout, qui sort en salles, mercredi 1er août, et qui a été (en partie) tourné à Paris, il ne s’embarrasse pas de nuances.

Dans ce nouvel opus de la saga, comme d’habitude, Tom Cruise a réalisé lui-même ses cascades. Mais ces dernières sont-elles si dangereuses et techniques ? Pour le savoir, franceinfo a interrogé plusieurs cascadeurs professionnels, et plus particulièrement Michel Julienne. Ce dernier, dans le métier depuis 1974, a notamment travaillé sur la saga Taxi, et plusieurs James Bond.

Deux ans de préparation pour une séquence

Plusieurs cascades de Mission: impossible – Fallout ont déjà fait parler d’elles. Tom Cruise s’est notamment blessé à la cheville, en août 2017, lors du tournage du film, en sautant entre deux immeubles. Pour Michel Julienne, le constat est simple et cet incident est éloquent.

S’il s’est blessé, cela veut dire que la performance était suffisamment grande pour que cela soit extrêmement difficile à réaliser.

Michel Julienne, cascadeur professionnel    à franceinfo

« Cette cascade est technique pour les câbleurs, ceux qui gèrent les filins parce qu’il faut bien doser le poids et la force, mais aussi pour la personne qui saute », commente auprès de franceinfo un cascadeur qui a déjà travaillé avec Tom Cruise et souhaite rester anonyme. D’après lui, « pour un cascadeur professionnel, ce n’est pas la séquence la plus technique à réaliser mais, dans tous les cas, c’est une cascade difficile ».

Dans le même long métrage, une séquence avec un hélicoptère a nécessité deux ans de préparation. Dans le script, l’engin transporte un énorme colis au bout d’une corde. Tom Cruise grimpe à cette corde alors que l’ensemble décolle. En plein vol, une fois en haut de la corde, il chute et tombe sur le colis, plusieurs dizaines de mètres plus bas. « Je ne connais pas les données techniques de cette scène mais il est évident que s’ils ont mis beaucoup de temps pour la mettre au point, c’est qu’il y a eu beaucoup de problèmes à régler, à contourner », remarque Michel Julienne. L’actrice Rebecca Ferguson, qui partage l’affiche avec Tom Cruise, a été extrêmement surprise et impressionnée. « J’ai vraiment cru qu’il était tombé. J’ai crié »a-t-elle raconté (en anglais).

« La vitesse, elle est là »

À croire que l’acteur avait envie de mettre sa vie en danger dans ce film puisqu’il a également tourné une séquence pendant laquelle il est renversé par une voiture alors qu’il roule à vive allure, à moto, et sans casque. Michel Julienne, spécialiste de ce type de cascades, a assisté à la préparation de cette scène. « Même s’il n’a pas à piloter la moto parce que tout est fait sur ce qu’on appelle des rigs, des montages qui emmènent les véhicules en position exacte d’impact, même si lui est attaché, harnaché, il faut y aller quand même. La vitesse, elle est là », explique-t-il. Et de souligner :

Quand ça part, il ne s’agit pas de se laisser partir comme un sac de pommes de terre.

Michel Julienne, cascadeur professionnel   à franceinfo

Il y a trois ans, une scène de Mission : impossible – Rogue Nation a marqué les esprits : Tom Cruise est accroché à la porte d’un avion en plein décollage. « Il faut être sévèrement burné pour avoir envie d’y aller parce que l’avion, pour qu’il vole, c’est minimum 230 ou 240 km/h », commente Michel Julienne. Sans compter que le vol est assez long. « Cela ne dure pas juste deux minutes ou une minute ou trente secondes. Ça va peut-être durer un quart d’heure ou dix minutes, précise-t-il. Personnellement, je ne suis pas très à l’aise en l’air donc ça m’impressionne d’autant plus. »

« Couteau-suisse de la cascade »

En 2011, dans Mission: impossible – Ghost Protocol, Tom Cruise escalade la façade du Burj Khalifa, un gratte-ciel de 829 mètres de haut, qui se trouve à Dubaï. « Physiquement, il faut être en excellente condition. Mais quand on voit le garçon, il est quand même costaud, en forme, et très apte physiquement à plein de choses », observe Michel Julienne.

Un avis partagé par Jérôme, cascadeur chez Action Cascade. « Tom Cruise est un véritable couteau-suisse de la cascade, il sait tout faire », commente-t-il auprès de franceinfo. Pour lui, l’acteur américain « est le Belmondo des années 2000 ». Il salue également sa condition physique. « À 56 ans et une énorme carrière derrière lui, ses cascades prennent un autre aspect », sourit-il.

Il pourrait tranquillement se reposer dans sa loge pendant que ses doublures font le boulot, comme la plupart des acteurs, ça ne dévaloriserait pas son talent.

Jérôme, cascadeur chez Action Cascade   à franceinfo

Pour Michel Julienne, les performances de Tom Cruise sont « dignes d’un cascadeur de haut niveau » mais c’est aussi grâce à sa casquette de producteur qu’il peut se permettre de réaliser ces scènes extrêmement spectaculaires. « Il a cette chance d’avoir une grande notoriété et des moyens pour se l’offrir, le faire et aller jusqu’au bout », conclut l’ancien cascadeur.  Jérôme est envieux : « Beaucoup de cascadeurs rêveraient d’effectuer les mêmes cascades que cet acteur, j’en fais partie. »